Ma tante, passionnée de voyages, m’invitait à pleinement vivre les moments de bonheur en reprenant l’expression de Pierre « Plantons nos tentes ici ! ». Cette expression évoque le désir de prolonger des instants de grâce. Pierre souhaite capturer le moment de la transfiguration de Jésus où se révèle de manière visible son identité divine.
Quelles sont les instants de grâce qui m’ont marqué·e ?, où j’aurais aimé « planté ma tente » ? et dont le souvenir continue de teinter mon quotidien ?
Au cœur de ce récit, apparaissent Moïse et Élie, symboles de la Loi et des Prophètes, les deux premières parties de ce que nous nommons l’Ancien Testament. Ils témoignent du lien vivant en dialogue, entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
Moïse et Élie conversent avec Jésus de sa souffrance à venir ; Jésus échange avec eux sur sa Passion. Des trois évangiles qui racontent la transfiguration, seul l’évangile de Luc parle du contenu de leur discussion. Avant et après ce récit, Jésus annonce sa Passion, mais il n’est pas entendu. Ici, il partage ses peurs, son souci, Moïse et Elie l’écoutent et en parlent avec lui.
Peut-être que quand nous partageons nos faiblesses, nos craintes se vit quelque chose de divin, de la présence de Dieu. Des relations de confiance où nous pouvons être et être entendus en vérité peuvent devenir des lieux de rencontre avec Dieu aussi.
Jésus transfiguré est aussi Jésus en chemin vers la Passion. Notre foi ne peut pas s’échapper dans le ciel ; elle n’est pas non plus retenue au visible terre-à-terre. Elle se vit dans la relation à celui qui est Christ en gloire et Jésus souffrant ; elle tient compte autant de la réalité que de notre espérance.
Peut-être pourrions-nous, dans ce temps de Carême, être particulièrement à l’écoute les uns des autres et de ce qui souffre en nous, sachant que dans la communion de l’écoute peut se révéler la présence divine du Christ.