Il y eu un ouragan, un tremblement de terre, un feu : mais le Seigneur n’était pas là-dedans. Pour Elie cela a dû être déconcertant : car 40 jours avant il a fait son duel avec les prophètes de Baal, et il avait invoqué le feu du ciel comme preuve que Dieu est le vrai Dieu. Et le feu est descendu ! Là Dieu dit qu’il n’est pas le feu ? C’est tout le système de croyance d’Elie qui est mis à mal. Sa foi est ébranlée. Tout ce qu’il a toujours cru, tout ce qu’il a toujours voulu, tout ce qui considérait comme bien est remis en question. Dieu use de pédagogie avec Elie (comme avec nous d’ailleurs). Pour contrer les prophètes de Baal il fallait parler leur langage, il fallait gagner selon leurs catégories : celui du sacrifice et du feu. Dieu s’est en quelque sorte soumis aux besoins du moment, à une foi qui avait besoin de spectaculaire. Mais Dieu ne s’en satisfait pas : Dieu veut amener Elie a la connaissance de qui il est véritablement. Car une manifestation qui écrase l’autre ne suscite pas la foi. D’ailleurs Elie ne cherche pas a susciter la foi dans le vrai Dieu chez les prophètes de Baal : il veut juste les écraser, faire disparaitre ses contradicteurs. Pour cela il utilise du spectaculaire. Mais Dieu veut faire découvrir à Elie où Dieu se tient en vérité : « dans le murmure d’une brise légère. » Littéralement en hébreu : « le son d’un silence en poussière ». L’Évangile nous révèle combien Jésus a passé de temps dans le silence. Pourquoi ? parce qu’il n’aimait pas la compagnie ? Parce qu’il était asocial ? Par goût personnel ? Non : mais parce que Dieu se tient dans le silence ! Dieu n’était pas dans l’ouragan, pas dans le tremblement de terre, pas dans le feu : mais dans le son d’un silence. Jésus passa les 30 premières années de sa vie dans l’anonymat le plus complet. Et on ne nous rapporte aucune parole de sa part entre ses 12 ans et ses 30ans. Dans cette période il n’a pas pris publiquement la parole. Il a fait silence. Puis durant ses trois ans de ministère il s’est très souvent retirer à l’écart, sur la montagne, dans le silence pour prier son Père qui se tenait là dans le silence. C’est encore ce qu’il fait dans ce passage de l’Évangile de ce jour : « Jésus gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Il se tenait là seul. » Les disciples eux sont déjà dans la barque et la navigation est compliquée parce qu’ils sont dans la tempête. De manière symbolique aussi, notre monde est plein d’agitation et de tempêtes, plein de bruit et de tumulte. Et bien, là encore, Jésus nous invite à avancer vers lui, à ne pas être absorber par le tumulte, par le bruit, par le chahut. Mais à venir à lui tout simplement. Dieu avait fait passer Elie d’une manifestation spectaculaire de Dieu à la découverte que Dieu se tient dans le silence. Jésus nous invite à faire de même. Il nous fait monter avec lui sur la montagne, pour rencontrer le Père qui se tient dans le silence de la prière secrète. Quand la prière devient bavarde et qu’elle s’écoute parler, Dieu se retire. Quand le témoignage du chrétien devient une mise en avant de soi, Dieu se retire. Quand le discours vire à l’argumentation pour convaincre l’autre en l’écrasant, quand il n’y a plus d’écoute véritable, Dieu se retire. Mais Dieu se tient dans le son d’un silence, le souffle ténu et léger d’un silence. Quand la prière entre là… dans le creux du rocher, caché des regards de la plaine, loin du bruit et du tumulte, alors Dieu se montre, il se laisse contempler en vérité
Textes du jour : 1 Rois 19, 9-13 / Matthieu 14, 22-33