Esaïe est ici chargé de délivrer un message un peu délicat : oui, vous voulez plaire à Dieu, c’est une affaire entendue, seulement voilà : le culte qui plaît à Dieu n’est pas ce que vous croyez ; et le prophète leur adresse de lourds reproches : vous cherchez à vous faire bien voir de Dieu par des jeûnes spectaculaires parce que vous voulez vous attirer ses bonnes grâces, mais pendant ce temps vous n’êtes que disputes, querelles, brutalités, appât du gain.
Alors se pose la question : « Qu’est-ce que Dieu attend de nous ? ». Les prophètes appelaient le peuple à ne pas se contenter du culte mais à vivre l’Alliance au quotidien. Et c’est bien le sens de ce passage : Le jeûne que je préfère, n’est-ce pas ceci : dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies de tous les jougs. Aux yeux de Dieu, tout geste qui vise à libérer nos frères vaut mieux que le jeûne le plus courageux. Si le jeûne est un travail sur notre âme, un labourage intérieur, alors la libération doit germer de ce labour. La libération que nous apportons aux autres est la finalité du jeûne. Car le but du jeûne est la victoire sur les forces du mal. Le but du jeûne est de rendre la suprématie de Dieu manifeste.
4 promesses sont contenues dans le verset 8. Premièrement, Alors ta lumière poindra comme l’aurore. Quand nous posons des actes qui libèrent, qui encouragent, qui abritent et sécurisent, alors il nous est donné de refléter un peu pour eux la lumière de Dieu. Deuxièmement, alors ta guérison germera promptement Le don et la charité sont un engrais qui fait pousser promptement notre guérison. Aimer les autres nous guérit ! Troisièmement, Ta justice marchera devant toi. Tout acte de libération, d’hospitalité, de partage est un pas vers le Royaume de Dieu : puisque, justement, ce Royaume que tout l’Ancien Testament attend est un royaume de justice. Quatrièmement, la gloire de l’Éternel t’accompagnera.
C’est aussi ce que dit cette quatrième promesse. La gloire du SEIGNEUR », c’est-à-dire le rayonnement de sa présence nous accompagne. Ce n’est pas une récompense ! C’est beaucoup mieux que cela : c’est une réalité.
Les gestes de libération, de secours des malheureux, de partage qu’Isaïe et Jésus nous recommandent sont tout simplement l’imitation de l’œuvre de Dieu lui-même. Nous pouvons le faire car nous sommes créés à l’image de Dieu. Jésus parle de lumière et de sel. Ce qui caractérise la lumière, c’est qu’elle est un signe de Dieu. Ce qui caractérise le sel, ce pouvoir bactéricide qu’il possède, c’est que ce pouvoir est à l’image de celui de Dieu : il neutralise le mal comme la lumière neutralise les ténèbres. Jésus nous dit : « Vous qui recevez mes paroles, vous devenez, par le fait même, sel et lumière pour ce monde : Dieu compte sur vous pour cela. Il vous a appelé pour cela ». Il vous équipe pour cela. Ce n’est pas une sommation, mais un don !